Meurtre à Ronce-les-Bains: Gueule d’amour (French Edition) by Vautier Angelina

Auteur:Vautier, Angelina [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Geste Éditions
Publié: 2023-03-27T23:00:00+00:00

Chapitre 29

Vincent regagna son QG de fortune, à savoir une petite table de la terrasse de l’hôtel, un peu en retrait des autres.

C’était un poste d’observation comme il les aimait, qui offrait une vue globale sur la salle du restaurant et le bar, et de l’autre côté sur la Grand-rue. Là, il était au coeur de l’action. Être au bon endroit, c’était pour lui la meilleure technique pour résoudre une enquête. Et, à l’occasion, pour apprendre aussi sur le plan personnel. Ainsi il avait eu dernièrement l’occasion de passer plusieurs jours dans une école de danse à Marans afin de résoudre le meurtre de son pianiste. Cet environnement l’avait enchanté, malgré le sordide de l’affaire. Quelques années auparavant, il s’était fondu pendant une semaine dans le décor d’une salle de sport de Toulouse après qu’on eut retrouvé un haltérophile écrasé sous sa barre de fer. Cette enquête lui avait au passage permis d’apprendre comment gainer correctement sa ceinture abdominale, et c’est d’ailleurs depuis qu’il avait décidé d’adopter sa routine sportive quotidienne.

Et là, le théâtre des opérations était la terrasse de l’hôtel le Rivage, côté rue. Partout ailleurs dans le monde, on aurait dit que l’endroit était calme. Pourtant, à Ronce-les-Bains, et à cette heure-ci de la fin de matinée, l’activité était à son maximum. Des gens rentraient du marché, le cabas rempli de poisson et de légumes d’été. Évidemment, les quelques boutiques de cette unique rue commerçante profitaient de cette activité. Le petit magasin d’articles de plage situé un peu plus loin dans la rue était justement en train de faire son chiffre d’affaires du jour, puisqu’une famille entière fraîchement débarquée faisait le plein de crèmes solaires, jeux de plage, et autres seaux et pelles pour la saison.

C’est drôle, se dit-il en les observant, on les repère tout de suite, les tout nouveaux vacanciers. Il n’y a pas que leur teint pâle qui les trahit, il y a aussi l’attitude. Un peu gauches, mal à l’aise dans leurs shorts, avec leurs cuisses blêmes comme intimidées d’être ainsi exhibées au regard de tous après une année entière enfermées dans des pantalons de ville. Il leur faut bien une bonne journée pour se mettre dans la peau du parfait estivant.

Encore un peu plus loin, Manon, la patronne de la boutique bio, « la Parisienne », était en train de montrer à un jeune couple quelques-uns de ses modèles de cache-pots en macramé suspendus.

En face, madame Odile, installée ici depuis des lustres lui avait-on dit, avait renoncé depuis longtemps à vendre ses robes, ses « indémodables » qui dataient des années 80, complètement décolorées à force d’être exposées en plein soleil. Comme tous les jours, elle avait installé son tabouret juste devant la boutique, son solide postérieur confortablement posé dessus. Au fil des ans, le soleil avait buriné sa peau autant qu’il avait décoloré les robes dans sa vitrine. Aujourd’hui, elle trinquait au vin blanc avec un vieux monsieur bien habillé, et elle riait très fort. Peut-être un rendez-vous galant…

Bon, allez, se dit

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